« Choc des savoirs » : au-delà des croyances, qu’en dit la science ?

“CHOC DES SAVOIRS” : AU DELÀ DES CROYANCES, QU’EN DIT LA SCIENCE ?

Le 5 décembre, l’ex-ministre Attal a fait une série d’annonces destinées à “élever le niveau des élèves” en réponse aux “mauvais résultats” de l’enquête PISA. Ces résultats montrent, d’une part, un décrochage en français et en mathématiques et, d’autre part, que l’origine sociale pèse sur les résultats des élèves. Mais plutôt que de donner davantage de moyens pour la scolarité des élèves les plus fragiles, le ministre Attal a fait le choix de mesures réactionnaires qui sanctionnent, qui sélectionnent et qui trient les élèves en difficulté : groupes de niveaux, redoublement imposé, etc. Or, que dit la science de ces dispositifs ? Quels sont leurs effets sur les élèves ? Comment réduire les inégalités et favoriser la réussite scolaire ?

SUD éducation Gard-Lozère fait le point sur les études scientifiques concernant les groupes de niveau et le redoublement pour déconstruire les croyances dans le domaine.

Groupes de niveaux au collège, redoublement : quels effets sur les élèves ?

Les groupes de niveaux

  • Au mieux inefficaces (Hattie 2023, EEF 2021, IDEE 2023)
  • Augmentent les inégalités entre élèves : baisse des attentes des élèves et des enseignants dans les groupes faibles (EEF 2021) ; favorisent surtout les élèves les plus débrouillards (Duru-Bellat– Mingat 1997)
  • Effets négatifs sur les résultats aussi bien pour les élèves les plus performants que pour les plus fragiles (Boutchenik – Maillard 2019)
  • Effet négatif sur le bien-être des élèves (André – Didisse 2023)

La littérature scientifique est unanime : les groupes de niveaux sont au mieux inefficaces ! Ils tendent à augmenter les inégalités sociales et scolaires et nuisent au bien-être des élèves.

Le redoublement

  • Il ne permet pas de lutter contre les difficultés scolaires à long terme (Cnesco – IFE – ENS 2015)
  • Impacts scolaires et psychosociaux négatifs sur les élèves (Crahay, 2003 ; Leboulanger, 1995, Cnesco – IFE – ENS 2015)
  • Accroissement des inégalités sociales ; (Cnesco – IFE – ENS 2015)
  • Augmentation de la probabilité de déscolarisation (Gary-Bobo, 2014)
  • Impact négatif sur les conditions d’entrée dans la vie active

Il y a un consensus scientifique fort : le redoublement n’a, au mieux aucun effet bénéfique à long terme ! Plus vraisemblablement il accroît les inégalités sociales et scolaires et a un impact négatif sur l’entrée dans la vie active des élèves.

Comment réduire les inégalités et favoriser la réussite scolaire ?

Il faudrait :

  • Limiter les effectifs par classe (IPP, APMEP, PISA…) ;
  • Favoriser la mixité sociale et scolaire dans les établissements (Monso 2019, Guyon 2023) ;
  • Favoriser la coopération entre élèves, par exemple avec la mise en place de tutorat entre pairs (EEF 2021) ;
  • Développer l’apprentissage en petits groupes (IDEE 2023) ;
  • Mettre en œuvre de groupes de besoins flexibles ;
  • Développer le co-enseignement.

Nos revendications

SUD éducation Gard-Lozère exige un plan d’urgence pour l’éducation :

  • Abrogation de la réforme du collège “choc des savoirs” (groupes de niveaux, redoublements imposés, manuels labellisés,etc.) ;
  • Création de postes à hauteur des besoins, recrutement massif de personnels (enseignant-es, CPE, AED, AESH, psyEN, infirmier-es, assistant-e social-e, administratifs) et titularisation sans conditions de concours ou de nationalité des personnels contractuel-les ;
  • Rétablissement des moyens de remplacement à hauteur des besoins
  • Réduction des effectifs par classe : 12 élèves en SEGPA, 16 maximum en éducation prioritaire et 20 ailleurs

"Choc des savoirs" : au-delà des croyances, qu'en dit la science ?