Éducation prioritaire : contre l’abandon des pouvoirs publics

Texte adopté au consensus lors du congrès départemental des 30 et 31 mai 2024

Constat

Notre département est un département paupérisé, et qui compte de nombreuses zones d’éducation prioritaire, avec trois pôles principaux : Alès, Nîmes et Beaucaire. La Grand Combe constitue une entité à part avec le réseau autour du collège Léo Larguier. Les établissements et écoles de Bagnols-sur-Cèze ont été sortis de la carte de l’éducation prioritaire lors de la réforme de 2015.

Les quartiers nîmois que sont Pissevin, Chemin Bas d’Avignon et Mas de Mingue avec trois réseaux REP+ ont été particulièrement mis en lumière depuis quelques années, la situation des quartiers se dégradent très rapidement, d’après les indicateurs. Dans les écoles, la politique des classes dédoublées a fini d’être déployée, le plus souvent à moyen constant. Pour les collèges, nous avons perdu les marges d’accompagnement “éducation prioritaire” du rectorat qui venaient abonder les dotations horaires globales à compter de la rentrée 2022.

Analyse

Les moyens mis en éducation prioritaire se révèlent insuffisants pour faire face aux difficultés que rencontrent nos élèves. Nos dotations ne sont pas plus conséquentes que les autres établissements, les seules différences tiennent à un seuil de 25 élèves par classe, pas toujours respecté et à une pondération qui a réduit les services d’une heure et demi. En outre, la question des effectifs par classe combinée aux difficultés socio-économiques sont des freins à la progression des élèves, d’où la nécessité de réduire les effectifs à 16 élèves par classe en éducation prioritaire. Au-delà de ça, et depuis la crise sanitaire, nous avons assisté à une accélération de la dégradation des conditions de vie de nos élèves et de leurs difficultés scolaires. Dans les quartiers, les services publics sont en recul et la population est laissée à l’abandon.

Le département du Gard a une spécificité : dans certains établissements qui accueillent des SEGPA, au lieu d’accueillir 64 élèves, ce qui est la norme, la capacité a été augmentée à 96 élèves, soit une structure et demi. Cette organisation sans moyens pose de véritables questions sur le traitement des élèves de SEGPA à qui on impose un fonctionnement d’école élémentaire avec un double niveau 6e-5e et 4e-3e ; ce qui est générateur de risque psychosocial fort pour les personnels et d’un équilibrisme pédagogique certain pour mettre en œuvre le programme de deux niveaux de collège bien distincts. SUD éducation Gard-Lozère revendique la mise en œuvre de moyens supplémentaires par abondement des dotations horaires de la SEGPA pour mettre fin aux double niveaux qui ne permettent pas aux élèves d’avoir accès à un enseignement de qualité égale et de même nature que les autres collégien·nes.

Sur le plan médico-social, l’accompagnement n’est pas à la hauteur : aucun établissement ne dispose d’une assistante sociale ou d’un·e PsyEN à temps plein. SUD éducation Gard-Lozère revendique que les établissements en éducation prioritaire se voient doter d’un·e assistant·e de service social en faveur des élèves et d’un·e PsyEN à temps plein. Le collège Condorcet bénéficie d’une infirmière à quasi-temps plein partagée avec les écoles pour les “visites des 6 ans”. Par ailleurs, la médecine scolaire brille par son absence. SUD éducation Gard-Lozère revendique la présence d’un·e médecin scolaire à temps plein par réseau d’éducation prioritaire.

Suite au rapport Borloo sur les banlieues en 2017, l’État a mis en œuvre un fragment des propositions : les cités éducatives. Cette structure est conçue comme un entité multipartenariale avec une réserve financière vouée à financer des projets de partenaires de l’école. Ce qu’on a pu observer sur la cité éducative Pissevin, c’est surtout une grande opacité de la gestion et de l’attribution des moyens publics à des associations qui demandent des subventions pour des projets aux contours très flous. Par ailleurs, on a appris par voie de presse que la cité éducative Pissevin était devenue une cité éducative à l’échelle de la ville, regroupant les quartiers de Pissevin, Valdegour, Chemin Bas d’Avignon et Mas de Mingue. En outre, ces cités éducatives n’ont rien apporté en termes d’amélioration des conditions de travail des personnels ou des conditions d’apprentissages des élèves. Les 70 cités éducatives pilotes devaient disparaître à la rentrée 2024, mais le ministère a décidé de les proroger et de les renforcer. Cela reste des coquilles vides qui mènent des projets sans aucune concertation avec les personnels. SUD éducation Gard-Lozère demande la fin de ces cités éducatives opaques et la mise en place en œuvre d’un plan de renforcement des services publics notamment de santé dans les quartiers de l’éducation prioritaire.

En dehors des personnels enseignant·es, l’exercice en éducation prioritaire nécessite un encadrement des élèves pour rendre un service public de qualité. Pour un effectif supérieur à 500 élèves, la présence de 3 CPE à temps plein paraît être un minimum afin d’assurer le suivi des situations individuelles et de construire des projets complémentaires et en lien avec les enseignant·es. Les effectifs d’assistant·es d’éducation doivent être adaptés au public accueilli et à ses besoins, ainsi un temps plein d’AED pour 70 élèves en REP+ semblerait le minimum. Par ailleurs, la question de la stabilité des équipes de vie scolaire est un gage d’efficacité et de qualité du service aux élèves, la possibilité de cdisation des AED permet de gagner cette stabilité des équipes, mais suppose également que l’administration développe un système de mouvement pour que les personnels cdisé·es puissent changer d’affectation. SUD éducation a largement œuvré à gagner l’égalité de traitement entre les personnels de l’éducation prioritaire. Grâce à notre victoire devant le Conseil d’État, les AED et les AESH perçoivent elleux aussi l’indemnité REP ou REP+. Il nous reste à gagner l’égalité des montants des indemnités et un statut de fonctionnaire en tant qu’éducateur·rice scolaire, pour remplacer le statut d’AED, et éducateur·rices scolaire spécialisé·es, pour remplacer le statut d’AESH.

Propositions / revendications

  • Réduction des effectifs à 16 élèves par classe et 12 en SEGPA ;
  • Suppression des doubles niveaux en SEGPA afin de garantir un enseignement de qualité égale quelle que soit l’orientation de l’élève (enseignement général ou enseignement adapté) ;
  • Réduction du temps de service à 14h (face élève) + 2h30 (temps de concertation et projet en équipe) pour les certifié·es ;
  • Augmentation des personnels médico-sociaux en éducation prioritaire (ASS, PsyEN, Infirmières à temps plein; 1 médecin scolaire à temps plein par réseau) ;
  • Recrutement de personnels (tous corps confondus) à hauteur des besoins.