Contre l’extrême-droite et ses idées, dans la société et à l’école

Texte adopté au consensus lors du congrès départemental des 30 et 31 mai 2024

Constat

Ces dernières années, l’extrême-droite, et notamment le FN/RN, réalise de bons scores électoraux. Ces vingt dernières années, la/le candidat-e du FN/RN a participé trois fois au second tour de la présidentielle (2002, 2017, 2022). Suite aux élections législatives de 2023, 88 député-es du Rassemblement National siègent à l’Assemblée. Parmi elleux, 4 ont été élu-es dans le Gard, sur les 6 circonscriptions que compte le département. Dans notre académie, plusieurs mairies, notamment de grandes villes, sont tenues par l’extrême-droite : Beaucaire, Béziers, Perpignan.

Dans la société, dans les médias, et même dans nos écoles et établissements scolaires, les idées de l’extrême-droite progressent et se diffusent sans aucune retenue. Dans le Gard, par exemple, on a retrouvé de la presse d’extrême-droite dans la cafétéria d’un lycée, des lycéens et étudiants « identitaires » ont participé à une ratonnade, des propos réactionnaires sont tenus par des élèves ou des personnels, des élèves et/ou leurs parents s’opposent de manière virulente à certains enseignements ou sorties scolaires.

Dans notre région comme ailleurs, les militant-es syndicaux-ales et associatif-ves sont de plus en plus confronté-es à la violence verbale et physique de groupuscules dit « identitaires » d’extrême-droite. Ceux-ci multiplient les provocations, les intimidations et les actes violents. Des locaux syndicaux (comme ceux de Solidaires) et associatifs et militants (Planning Familial, librairie libertaire, etc.) sont régulièrement dégradés par ces mêmes individus.

Analyse

On assiste depuis une vingtaine d’années à une dédiabolisation et une normalisation des idées réactionnaires, racistes, xénophobes, sexistes, masculinistes et LGBTQIA+phobes de l’extrême-droite. Le FN/RN laisse le sale travail aux groupuscules dits « identitaires », qui continuent de relayer ses thèses les plus haineuses et de mener les actions les plus violentes, et tente de se donner une respectabilité et une acceptabilité aux yeux des électeur-rices. Les discours sont en apparence plus modérés et les cadres s’éloignent des propos polémiques antisémites, racistes et négationnistes d’un Jean-Marie Le Pen. Une femme est présidente du parti et deux fois candidate à la présidentielle et elle se prétend même féministe.

Pourtant, sur le fond, l’extrême-droite reste fidèle à ses fondamentaux : haine de l’autre (qu’iel soit femme, racisé-e, étranger-e, LGBTQIA+), rejet et violence. Ainsi, si on observe attentivement les votes des député-es RN à l’Assemblée ou au Parlement européen, on constate que ces élu·es d’extrême-droite s’opposent toujours aux droits des femmes et des minorités. De même, localement, la mise en place de politiques d’extrême-droite dans les mairies révèlent une chasse aux pauvres et une stigmatisation des personnes racisé-es et étrangères, la réduction voire la suppression des aides aux associations du travail social, le harcèlement des opposant-es politiques et syndicaux-ales, l’utilisation des moyens de communication municipaux pour la propagande etc. Dans l’éducation, ces maires appliquent dans les écoles leurs idées réactionnaires et racistes : tentative de fichage des élèves supposé-es musulman-es, suppression des menus de substitution dans les cantines, expérimentation de l’uniforme, etc.

Ce qui permet aux idées de l’extrême-droite de s’immiscer dans les esprits, c’est la collaboration active de certaines chaînes d’information en continu qui propagent un discours réactionnaire par la bouche de leurs éditorialistes et laisse une large place sur leur antenne à des penseur-ses et influenceur-ses d’extrême-droite, jusque dans les émissions de variété. Macron et ses gouvernements ne sont pas le rempart contre l’extrême droite qu’ils prétendent et mènent la politique de l’extrême droite en reprenant à leur compte leurs idées et de leurs pratiques : lois liberticides (surveillance, fichage, etc.), répression et criminalisation des mouvements sociaux et des révoltes populaires, impunité des violences policières, discours nataliste, lois racistes et xénophobes (loi séparatisme, loi immigration), diabolisation de la gauche et des organisations syndicales, etc. Ainsi, ils habituent insidieusement les consciences à ces discours réactionnaires et porteurs de haine, préparant le terrain pour l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. On voit bien ici que la défense des intérêts capitalistes passent avant toute autre considération, au RN comme chez les dirigeant-es actuel-les.

Perspectives

  • En tant que personnels de l’éducation, nous avons une responsabilité et un devoir de vigilance. Il nous faut, au quotidien, déconstruire les thèses racistes et xénophobes de l’extrême-droite (et d’une grande partie de la droite) mais aussi les discours sexistes, misogynes et masculinistes largement accessibles sur les réseaux sociaux que consultent les élèves. Nous devons dénoncer fermement les propos haineux et mener un travail au long cours pour favoriser l’esprit critique, l’émancipation et l’égalité entre les élèves.
  • Cette opposition aux idées de l’extrême-droite passe aussi par un discours clair et ferme auprès de nos collègues, sur nos lieux de travail, mais également dans nos milieux militants, syndicaux comme associatifs. Nous devons diffuser le plus largement possible de la documentation mettant en lumière le projet funeste et la dangerosité des idées d’extrême-droite et ajouter à nos productions écrites des revendications antiracistes et antifascistes, dès que cela s’y prête.
  • Pour contrer les idées d’extrême-droite, nous devons amplifier le combat contre les injustices, les discriminations et les violences et pour l’égalité réelle des droits. Pour cela, nous menons, depuis de nombreuses années, un travail soutenu et régulier avec les associations pour les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, d’aide aux personnes migrantes, contre le racisme et la xénophobie, dans une perspective internationaliste.
  • Nous participons activement à la commission Antifascisme et à la commission Antiracisme de la fédération SUD éducation. Nous prenons part à l’organisation de formations antiracistes et antifascistes locales, via Solidaires 30. Nous avons pour ambition de créer une association VISA (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) locale et nous nous donnons comme priorité de prendre les contacts nécessaires pour ce faire.